Les Allergies aux Pollens (Rhume des foins)


Il y a 200 ans, le rhume des foins, qui est une entité clinique bien définie et facilement reconnaissable, était quasiment inconnu en Europe et en Amérique du Nord.

Ce n’est que à la fin du 19ème siècle, qu’un médecin anglais, le Dr Blackley, le décrit et le diagnostique précisément pour la première fois. Il fut le premier, par ailleurs, à pratiquer des tests cutanés pour le diagnostic de cette affection.

Aujourd’hui on estime qu’environ 20% de la population occidentale souffre d’une allergie aux pollens. Toutes les études épidémiologiques effectuées à la fin du 20ème siècle, tant en Europe ou dans le monde ont montré que toutes les affections allergiques (rhino-conjonctivite, asthme, eczéma) ont quasiment triplé durant les 30 dernières années.



On sait aujourd’hui que l’allergie est une maladie familiale, mais une telle augmentation de la prévalence des affections allergiques (on a parlé même d’épidémie), sur une aussi courte période de temps, ne peut avoir une explication génétique et vraisemblablement les facteurs environnementaux sont déterminants.

Une des hypothèses évoquées est celle de la théorie hygiénique. Celle-ci est basée sur le concept d’une stimulation déficitaire de notre système immunitaire par des agents infectieux, dans les premiers mois de vie, qui orienterait notre réponse immunitaire vers une réponse de type allergique.

La plupart des pollens allergisants sont des pollens anémophiles, c’est-à-dire transportés par le vent. Par opposition, les pollens entémophiles, qui utilisent pour leur transport les insectes (hyménoptères…), sont plus lourds, et ne sont que rarement impliqués dans des manifestations allergiques. Lorsqu’elles surviennent, on parle d’allergies dites de proximité.

On distingue, en Suisse, 3 catégories de pollens: les pollens d’arbres, les pollens de graminées et les pollens d’herbacées ou pollens de mauvaises herbes.

La pollinisation des arbres débute à la fin janvier et s’étend jusqu’au début du mois de mai, celles des graminées du mois de mai jusqu’à la fin juillet et celles des herbacées du mois de juillet jusque vers la fin septembre.

Ces calendriers sont fonction des conditions météorologiques, mais se recoupent plus ou moins d’une année à l’autre. Dans les Alpes, ils sont aussi tributaires de l’altitude. Ils sont établis sur la base de mesures effectuées par des capteurs de pollens, situés dans des stations de comptage, localisées dans les différentes régions de Suisse

Les mesures effectuées permettent l’établissement de calendriers polliniques précis utiles aux soignants et aux patients. Elles sont disponibles, par ailleurs, sur une base hebdomadaire, par voie de presse et par le Net.

Parmi les pollens d’arbres, le noisetier est celui dont la pollinisation est la plus précoce, parfois à la fin du mois de janvier. Les arbres les plus allergisants sont le bouleau, le frêne, le noisetier, l’aulne, le chêne et le châtaignier au Tessin.

Les pollens de graminées, responsables du rhume des foins, sont quantitativement les plus abondants et sont responsables de plus de 75% des allergies polliniques.



Parmi les pollens d’herbacées, l’armoise est particulièrement abondante en Valais et, dans une moindre mesure, au Tessin. L’ambroisie est en train de se développer également au Tessin, dans la région genevoise et s’étend progressivement vers le plateau suisse.

Cette évolution est redoutée étant donné le pouvoir allergisant majeur de son pollen, responsable de la plupart des allergies polliniques en Amérique du Nord.

Les pollens présents dans l’atmosphère, entrent en contact avec les muqueuses (oculaire, nasale, bronchique), et, chez l’individu allergique, ils sont reconnus comme allergènes par le système immunitaire et déclenchent la réaction allergique.

Les organes cibles de la réaction allergique aux pollens sont principalement l’œil, le nez, le poumon et, dans une moindre mesure, la peau et ils vont déterminer le tableau clinique de la rhino-conjonctivite saisonnière compliquée ou non d’asthme bronchique.

L’œil allergique est rouge, il coule, il démange, avec parfois un œdème conjonctival et de la paupière et souvent une hypersécrétion matinale. Une impression de sable dans les yeux est fréquemment rapportée.

La conjonctivite allergique est particulièrement sévère chez l’enfant, puis la sévérité du tableau clinique a tendance à s’estomper avec l’âge.

Sur le plan nasal, l’allergie aux pollens va se manifester sous la forme d’une rhinite séreuse, avec des éternuements en salve, un mouchage et un prurit nasal importants. Le prurit est parfois également ressenti au niveau du voile du palais (symptôme clinique assez spécifique de la rhinite allergique) et peut s’étendre à toute la sphère ORL (gorge, oreilles).

L’association de cette atteinte oculaire et nasale constitue le tableau clinique classique et habituel de la rhino-conjonctivite saisonnière.

Chez environ 20 à 30% des patients, l’allergie pollinique va également entraîner un asthme bronchique. Celui-ci peut se manifester sous la forme d’une toux sèche, irritative, à prédominance vespérale et nocturne et aggravée par l’effort physique.

Ces toux asthmatiques sont fréquemment rencontrées chez l’enfant. Parfois l’asthme peut se manifester sous la forme d’une oppression thoracique, avec sensation de serrement au niveau de la gorge et impression subjective de manque d’air.

Lorsque le tableau clinique est complet la respiration devient nettement sifflante. L’asthme bronchique constitue toujours un marqueur de sévérité de la réaction allergique.
Chez une minorité de patients l’allergie aux pollens peut se manifester sous la forme d’une urticaire.

Il s’agit d’une éruption cutanée, érythémateuse et papuleuse, fortement prurigineuse, durant généralement quelques minutes à quelques heures et s’estompant sans laisser de séquelle cutanée. On a décrit des urticaires saisonnières chez des patients souffrant d’allergie aux pollens, mais la plupart du temps ces urticaires sont liées au contact direct des pollens avec la peau chez des patients très allergiques.

Il faut signaler également, sur le plan clinique, que les patients souffrant d’allergie aux pollens présentent souvent des allergies alimentaires. On parle d’allergies alimentaires croisées car elles découlent d’une sensibilisation à des protéines à forte homologie de structure et qui sont retrouvées tant dans les pollens que dans les aliments incriminés.

Ces allergies alimentaires se manifestent sous la forme d’un syndrome d’allergie orale: prurit de la bouche, des gencives, du voile du palais, irritation de la gorge, sensation d’œdème des lèvres, parfois irritation conjonctivale et éternuement.

La plupart du temps les symptômes restent limités à la sphère ORL, sans participation systémique. Ces allergies alimentaires croisées avec une allergie aux pollens sont fréquentes, puisqu’elles constituent, en Suisse, la cause principale d’allergie alimentaire chez l’adulte.

Les patients souffrant d’une allergie sévère aux pollens de bétulacées (bouleau, aulne), présentent fréquemment, (plus de 40% des cas), un syndrome d’allergie orale à la consommation de fruits crus de la famille des rosacées (pomme, poire, pêche, nectarine, cerise abricot, prune..) au kiwi et certains oléagineux comme l’amande ou la noisette. Les patients souffrant d’une allergie aux pollens d’armoise présentent parfois des allergies alimentaires croisées avec les ombellifères (céleri, carotte, fenouil, persil, cumin, coriandre…).

Enfin, les patients souffrant d’allergie aux pollens de graminées ne développent que très rarement un syndrome d’allergie orale à la consommation de cucurbitacées, particulièrement le melon et la pastèque.

Comme pour toute maladie allergique, le traitement de l’allergie aux pollens comprend trois paliers, le plus souvent complémentaires: l’éviction de l’allergène, le traitement médicamenteux, et l’immunothérapie ou désensibilisation.

L’éviction de l’allergène est difficilement réalisable et l’efficacité des mesures proposées (dormir avec les fenêtres fermées, se laver les cheveux pour éliminer les pollens, filtre à pollens dans les voitures…) restent encore à déterminer.

Par contre les traitements médicamenteux se sont considérablement améliorés et permettent, dans la grande majorité des cas, un contrôle tout à fait satisfaisant des symptômes.

Les antihistaminiques sont le traitement de base de l’allergie aux pollens. Mal supportés autrefois, étant donné un effet sédatif très marqué, les antihistaminiques de dernière génération sont plus efficaces et très peu sédatifs (Xyzal, Aerius, ainsi que leurs génériques…).

On peut les utiliser également sous forme topique en spray nasal (Allergodil, Livostin) ou en gouttes oculaires (Opatanol, Emadine, Livostine, Allergodil, Zaditen…). Ils sont particulièrement efficaces sur la rhinite séreuse, les éternuements en salves, le prurit oculaire ou de la sphère ORL.

Ils sont moins efficaces par contre sur l’obstruction nasale, où les corticoïdes topiques en spray nasal (Avamys, Flutinase, Nasonex, Rhinocort, Nasacort, Pivalone…) sont particulièrement performants.

En fait le traitement optimal d’une rhino-conjonctivite pollinique devrait toujours associer un antihistaminique et un corticoide topique nasal. Par ailleurs, un traitement régulier et quotidien pendant la saison des pollens permet un meilleur contrôle des symptômes qu’un traitement à la demande, aux coups par coups.

Lorsque la rhino-conjonctivite saisonnière se complique d’asthme bronchique, il faut avoir recours alors aux bronchodilatateurs à courte durée d’action (Ventolin, Bricanyl, Berotec…) ou à longue durée d’action (Serevent, Oxis, Foradil…), couplés (Seretide, Symbicort) ou non (Axotide, Alvesco, Asmanex, Pulmicort, Miflonide,…) à des corticoïdes topiques pulmonaires.

Le traitement médicamenteux de l’allergie aux pollens est un traitement purement symptomatique et non causal, qui doit être répété chaque année pendant la saison des pollens. Le seul traitement qui peut influencer et modifier le cours clinique de la maladie allergique est l’immunothérapie, également appelée désensibilisation ou vaccination allergique.

Dans cette approche thérapeutique, des doses progressives d’allergènes sont injectées par voie sous-cutanée jusqu’à une dose d’entretien, répétée par la suite, de façon mensuelle, pendant 3 à 5 ans.

L’indication à une immunothérapie doit être posée par un médecin spécialiste en allergologie et est réservée aux allergies polliniques sévères, échappant à un traitement médicamenteux bien suivi ou compliquées d’asthme bronchique.

Avec le développement d’extraits allergéniques purifiés performants et lors d'une indication justifiée, le taux de succès de  l’immunothérapie  avoisine les 80%. Par ailleurs, ce mode de traitement semble prévenir le développement de l’asthme bronchique et la survenue de nouvelles sensibilisations.

Tout récemment, des immunothérapies par voie sub-linguale, ont été développées. Elles présentent l’avantage de pouvoir être réalisées à domicile, mais leur efficacité semble cependant inférieure à la désensibilisation traditionnelle par injection sous-cutanée.

Pollens et Allergie


Plus de 20% des Français sont touchés par des réactions allergiques dues aux pollens.
La météo joue un rôle déterminant : elle intervient dans le déclenchement de la pollinisation, la quantité de pollen produit et le transport des grains dans l'air que nous respirons.

Le rhume des foins ou pollinose 


Le grain de pollen est l'élément reproducteur microscopique produit par les organes mâles des plantes. Lorsqu'il pénètre dans l'organisme par les voies respiratoires, il peut provoquer une réaction du système immunitaire.
L'allergie aux pollens des arbres, plantes, herbacées et graminées, est appelée pollinose ou rhume des foins.


En période de pollinisation, les grains de pollen sont émis en très grande quantité car la probabilité d'atteindre la fleur femelle est très faible.
Un pied d'ambroisie, par exemple, peut produire 2,5 milliards de grains en une seule saison.

Les pollens provoquent des affections d'apparence bénigne, parfois sévères, toujours gênantes voire invalidantes :

  • rhinites, crises d'éternuements, écoulement souvent abondant et obstruction nasale 
  • conjonctivites avec larmoiement, démangeaisons, 
  • toux, oppression thoracique ou respiration sifflante, asthme, avec diminution du souffle 
  • fatigue, maux de tête, manque de concentration ou d'attention lié à un sommeil perturbé par la rhinite 
  • manifestations cutanées avec aggravation de certains eczémas, plus rarement oedèmes et urticaires. 


Les pollens allergisants 


Les pollens ne sont pas tous allergisants : pour provoquer les symptômes d'allergie, les grains de pollen doivent disposer de substances reconnues comme immunologiquement néfastes pour un individu donné.

De plus, ils doivent atteindre les muqueuses respiratoires. Les pollens les plus allergisants sont donc ceux transportés par le vent.

Cyprès, bouleau, chêne, frêne, platane, charme et olivier sont les principaux arbres émettant des pollens allergisants.

A l'initiative du Réseau National de Surveillance Aérobiologique, on classe en France les espèces selon un potentiel allergisant allant de 0 à 5 (0 étant un potentiel nul et 5 un potentiel très fort).

Ce classement a été établi grâce à des capteurs de pollens et à l'intensité des symptômes observés chez les patients atteints de pollinose.


Les saisons de pollinisation 


Les saisons de pollinisation varient selon les espèces végétales, les régions, les années et les conditions météorologiques. En France, la pollinisation hivernale a généralement lieu de mi-janvier à avril dans le sud et de fin janvier à mai dans le nord : elle concerne les arbres et arbustes.


Une deuxième période de pollinisation se produit du milieu du printemps à l'été avec un décalage de 3 à 5 semaines entre le Nord et le Sud du pays.
C'est la saison des graminées, du plantain, des pariétaires sur le pourtour méditerranéen et de l'oseille dans le Nord.

Certaines espèces végétales, comme le châtaigner, le tilleul, les herbacées ou l'ambroisie, libèrent leur pollen de l'été à la fin de l'automne

L'influence de la météorologie 


La situation météorologique la plus propice à la libération et à la dispersion des pollens est une journée très ensoleillée, sans précipitation, avec des températures élevées et un vent modéré.

Le vent. En période de pollinisation, le vent joue un rôle déterminant dans le transport des grains de pollen et leur quantité dans l'air que nous respirons.

Par vent faible, le pollen est déposé rapidement, souvent à proximité de la plante.
Un vent modéré maintient les grains en suspension dans l'air et favorise leur concentration.

Les précipitations et l'humidité. La pluie empêche la libération des pollens et leur dispersion par le vent : le pollen, alourdi par l'eau, retombe à faible distance de sa source.

Lorsqu'il pleut plusieurs jours pendant la saison pollinique, la plante conserve son pollen pour le relâcher dans des conditions plus favorables. Le taux pollinique est donc faible par temps pluvieux ou lorsque l'air est très humide. (brouillard, brume, rosée matinale)

La température. Un hiver doux accélère le développement des plantes et déclenche une pollinisation précoce.

En revanche un hiver froid avec épisodes de gel retarde la croissance des plantes et le début de la pollinisation.

Une forte amplitude thermique au cours d'une journée contribue également à la libération des grains de pollen.

L'ensoleillement. Un bon ensoleillement favorise un déclenchement précoce de la pollinisation et l'émission abondante de pollens.

Conseils de prévention à l'attention des personnes sensibles 

- Consultez votre médecin
- Evitez d'ouvrir les fenêtre au travail ou en voiture
- Evitez de tondre la pelouse surtout en cas d'allergie aux graminées
- Evitez les haies de cyprès si vous y êtes allergique
- Ne faites pas d'efforts intenses en période de pollinisation
- Lorsque vous partez en vacances, renseignez-vous sur les pollens présents
- Profitez de la montagne, surtout aux intersaisons
- Rincez-vous les cheveux le soir pendant la période de pollinisation
Prévention Santé : aphte, glossites, amygdalite, mal de gorge, angines, toux, bronchite, verrue..
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